OHGA Masayoshi   大賀正喜

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   Monsieur Masayoshi OHGA nous a quittés le 10 mars 2012. Il s'est éteint lentement, calmement. Des suites d'un cancer contre lequel il a lutté pendant de longues années. Avec discrétion. Avec dignité.

   A la fin de l'année 2011, lors de son hospitalisation, il m'a parlé, dans la langue qu'il aimait tant, " d'une finalité certaine " mais aussi " d'un certain optimisme ". J'en ai pleuré d'entendre un esprit aussi alerte dans un corps aussi malade.

   Voilà. Un grand professeur n'est plus. Nous sommes tous devenus ses orphelins.

   Monsieur Ohga est parti. Sa présence, sa modestie, ses questions me manquent. Plus que je ne saurais le dire. Le peu de consolation de savoir qu'il ne souffre plus ne peut combler le vide qu'a créé son départ.

 

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   Monsieur Ohga commença à travailler dans cet institut en 1968, trois années avant mon entrée en 1971. Ces trois arbres dissimulaient alors à peine les trois pièces du premier étage. A gauche, celle du président, à droite celle du vice-président et au centre celle des professeurs où Monsieur Ohga et moi prîmes l'habitude de nous retrouver chaque semaine dès 8 h 30 pour nous interroger sur la pertinence, le bien-fondé de l'emploi de termes français ou japonais.

   A ce "jeu", j'appris beaucoup plus de lui qu'il n'apprit de moi.

   C'est dans cette même pièce que je créai, un jour, le qualificatif connu de vous tous: ohgalien. Adjectif signifiant: la recherche et surtout l'amour de la précision dans l'énonciation des propos.

 

 

  Du grand Cocteau au Petit Robert

  " C'est au cinéma, en regardant La Belle et la Bête de Jean Cocteau, que j'ai découvert la beauté de la langue française. C'est de ce film en noir et blanc que mon intérêt pour le français est né et c'est au long de mes études universitaires que ma passion pour la précision, avec laquelle cette langue permet de s'exprimer, a muri. "

  Telle fut la réponse que Monsieur Ohga me fit lorsque je lui demandai le comment de sa rencontre avec le français.

 

 

  Je dois beaucoup à ce collègue le plus cher, avec lequel j'ai toujours eu grand plaisir à travailler tout au long de ces quarante dernières années.

  En 1988, Monsieur Ohga accepta de collaborer à la publication de la version publique de Mode Communicatif. Quelques semaines avant sa sortie en avril 1989, j'avais demandé aux Editions Asahi que le nom de Monsieur Ohga soit placé sur la couverture à gauche ou au-dessus du mien.

   Quelle ne fut pas ma surprise une fois le manuel publié de voir que mon nom était au-dessus de celui de mon co-auteur. J'appelai la maison d'édition qui m'expliqua que Monsieur Ohga avait tout simplement "exigé" que l'ordre soit renversé obligeant la maison d'édition à recomposer la couverture...

  " C'était votre dixième manuel ! Il était temps que vous ayez les honneurs ! " fut l'explication que Monsieur Ohga m'offrit. 

 

 

  Avec l'un des plus beaux sourires qu'il m'a été donné de voir.

 

 

                                          Que son âme repose en paix !